MBTI et gestion des conflits : un outil puissant pour comprendre et apaiser les dynamiques d’équipe.


Dans un environnement professionnel où les compétences techniques ne suffisent plus à garantir la performance collective, les organisations cherchent de plus en plus à comprendre les ressorts humains qui influencent la collaboration. Les tensions, les incompréhensions et les conflits ne sont pas toujours liés à des enjeux de pouvoir ou à des oppositions rationnelles ; ils reflètent souvent des différences profondes dans la manière d’appréhender le monde, de communiquer, de décider ou de gérer la pression.

Parmi les outils qui aident à révéler ces différences, le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) occupe une place singulière. Souvent critiqué lorsqu’il est utilisé comme étiquette figée, il devient en revanche extrêmement puissant lorsqu’il sert d’outil d’éclairage sur les préférences psychologiques individuelles et collectives. Utilisé avec nuance et intelligence, le MBTI permet de mieux anticiper les frictions, de fluidifier les interactions et de désamorcer les conflits avant qu’ils ne nuisent à la cohésion.

1. Le MBTI : un modèle pour comprendre les préférences, pas pour classifier les individus

Le MBTI repose sur les travaux de Carl Jung et propose une grille de lecture composée de quatre axes, chacun représentant une préférence naturelle :

  1. Extraversion (E) / Introversion (I) – Comment l’individu dirige son énergie.

  2. Sensation (S) / Intuition (N) – Comment il perçoit l’information.

  3. Pensée (T) / Sentiment (F) – Comment il prend ses décisions.

  4. Jugement (J) / Perception (P) – Comment il organise son environnement.

Ces préférences aboutissent à 16 types psychologiques, non pas pour enfermer les personnes dans des cases, mais pour expliquer des tendances comportementales.

Ce point est essentiel :
➡️ Le MBTI ne mesure ni la compétence, ni le caractère, ni la stabilité émotionnelle.
➡️ Il met en lumière la manière « préférée » d’opérer, ce qui ne prédit pas la manière dont une personne peut ou doit se comporter.

C’est précisément ce caractère non normatif et non hiérarchique qui en fait un outil pertinent pour la gestion des conflits.

2. Le conflit en entreprise : souvent un problème de perception plutôt que d’intention

La majorité des conflits professionnels se développent pour trois raisons principales :

  • des styles de communication différents ;

  • des modes de prise de décision divergents ;

  • une gestion contrastée de la pression ou de l’imprévu.

Dans ces trois situations, le MBTI agit comme un décodage des filtres cognitifs en présence.

Par exemple :

  • Un profil S (Sensation) préfèrera des faits concrets et une approche méthodique. Un profil N (Intuition) parlera en concepts, tendances et possibilités.
    ➡️ L’un pourra accuser l’autre d’être flou ou irréaliste, tandis que l’autre jugera son interlocuteur rigide ou sans vision.

  • Un profil T (Pensée) se concentrera avant tout sur la logique, parfois sans ménager la sensibilité de l’autre. Un profil F (Sentiment) privilégiera l’harmonie et pourra se sentir agressé par une approche trop factuelle.
    ➡️ Les tensions émotionnelles découlent alors d’un malentendu structurel, pas d’une mauvaise intention.

Grâce au MBTI, l’équipe apprend à dépersonnaliser les divergences et à les interpréter non plus comme un affront personnel, mais comme l’expression de préférences différentes. Cela permet souvent de désamorcer un conflit à sa racine.

3. Expliquer les réactions face au stress : un atout majeur du MBTI

Une dimension particulièrement utile du MBTI en gestion de conflit concerne les réactions typiques des individus sous stress.
En effet, lorsqu’un collaborateur se trouve en surcharge cognitive, son comportement peut changer brutalement : certains deviennent excessivement rigides, d’autres se retirent, d’autres encore deviennent impulsifs ou émotionnels.

Comprendre ces mécanismes permet :

  • de mieux anticiper les situations de rupture,

  • d’apporter le bon soutien au bon moment,

  • de limiter les escalades de tensions.

Voici quelques exemples :

  • Les profils J (Jugement) sous pression peuvent chercher à reprendre le contrôle en imposant des décisions rapides, pouvant être perçues comme autoritaires.

  • Les profils P (Perception) peuvent au contraire montrer plus de difficulté à prioriser, donnant l'impression de procrastiner.

  • Les profils T tendent à devenir plus critiques et détachés.

  • Les profils F peuvent se sentir submergés émotionnellement et percevoir le conflit comme une remise en question de leur valeur personnelle.

Dans un climat tendu, ces dynamiques peuvent atteindre des sommets si elles ne sont pas comprises.
Le MBTI devient alors une grille de lecture préventive pour identifier les signaux faibles et adapter la communication.

4. Exemple concret : deux collaborateurs en conflit, deux perceptions opposées

Imaginons une équipe où un collaborateur ISTJ (plutôt factuel, méthodique, structuré) travaille avec une collaboratrice ENFP (créative, enthousiaste, flexible, orientée humain).

Le conflit peut s’installer autour de multiples points :

  • Le premier se plaint du manque de structure et de l’imprévisibilité de la seconde.

  • La seconde reproche au premier son manque d’ouverture et sa rigidité.

Sans lecture MBTI, chacun attribue à l’autre une intention négative :
➡️ « il fait exprès d’être rigide »
➡️ « elle ne fait aucun effort pour être organisée »

Avec le MBTI, les deux prennent conscience que :

  • leurs différences sont prévisibles,

  • elles s’enrichissent mutuellement,

  • le stress accentue leurs extrêmes : l’ISTJ devient surcontrôlant, l’ENFP dispersée.

L’équipe peut alors définir :

  • un cadre clair pour rassurer le profil ISTJ,

  • une marge de créativité pour encourager l’ENFP,

  • des réunions d’alignement fréquentes,

  • une structuration souple, ni trop stricte ni trop floue.

Résultat : le conflit se transforme en complémentarité.

5. Dans les situations de pression : adapter son style de communication selon les profils

L’un des apports les plus opérationnels du MBTI est de fournir des stratégies de communication ciblées, particulièrement utiles en période de forte pression.

Voici quelques principes :

Avec un profil Extraverti (E)

  • Donner un espace d’échange verbal.

  • Laisser exprimer son raisonnement à voix haute.

  • Ne pas interpréter son besoin de parler comme une volonté de s’imposer.

Avec un profil Introverti (I)

  • Laisser un temps de réflexion avant de demander une réponse.

  • Fournir les informations en amont.

  • Éviter les confrontations improvisées.

Avec un profil Sensation (S)

  • Privilégier les étapes concrètes, les faits, les données.

  • Éviter les discours trop conceptuels en période de crise.

Avec un profil Intuition (N)

  • Donner le contexte global, la vision, l’objectif final.

  • Expliquer le « pourquoi » avant le « comment ».

Avec un profil Pensée (T)

  • Aller droit au but.

  • Présenter des arguments logiques et structurés.

  • Éviter les attaques émotionnelles.

Avec un profil Sentiment (F)

  • Montrer l’impact humain des décisions.

  • Reconnaître les émotions dans la situation.

  • Favoriser un climat de respect et de considération.

Avec un profil Jugement (J)

  • Clarifier les délais, les priorités et les responsabilités.

  • Réduire l’incertitude au maximum.

Avec un profil Perception (P)

  • Préserver de la flexibilité.

  • Éviter les cadres trop rigides.

  • Donner plusieurs options possibles.

Ces ajustements, simples mais puissants, permettent de réduire les frictions, d'améliorer l’efficacité collective et d’éviter que les divergences ne se transforment en conflits ouverts.

6. Le rôle du manager : utiliser le MBTI avec discernement et éthique

Pour que le MBTI soit réellement utile, le manager doit l’utiliser :

  • non comme un outil de contrôle,

  • mais comme un outil de compréhension et de développement.

Quelques principes éthiques :

  1. Le MBTI n’explique pas tout : il ne remplace ni le jugement professionnel ni l’observation réelle.

  2. Il ne doit jamais justifier un comportement inadapté (« Je suis T donc je peux être brutal dans mes remarques » est inacceptable).

  3. Les préférences évoluent : le type n’est pas figé, il reflète une tendance.

  4. La diversité des types est une richesse : une équipe composée uniquement de profils similaires manque d’équilibre.

Un manager qui maîtrise ces principes se dote d’un outil stratégique pour fluidifier les relations, arbitrer les tensions et construire une culture d’équipe plus mature.

7. Conclusion : un outil éclairant pour une coopération plus intelligente

Le MBTI n’est pas un test miracle, ni une vérité absolue. Mais c’est un excellent révélateur de mécanismes psychologiques invisibles.
Dans le cadre de la gestion de conflit ou de situations de pression au sein d’une équipe, il permet de :

  • comprendre les différences de perception,

  • anticiper les réactions sous stress,

  • adapter son style de communication,

  • transformer les oppositions en complémentarités,

  • instaurer un climat de respect mutuel.

En éclairant les angles morts des interactions humaines, le MBTI aide les équipes à gagner en cohésion, en efficacité et en intelligence relationnelle.
Dans un monde professionnel où la collaboration est devenue essentielle, comprendre les préférences comportementales des autres n’est plus un luxe : c’est un avantage stratégique.

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